Boule de suif (et autres nouvelles) • Guy de Maupassant

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9431_Un_lot_de_4_livres_romansg 1978 (1979, 256pages)

Éditions Le livre de poche, 1972 (246 pages)

Ma note : 15/20

La première phrase

« Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées. »

Mon avis …

Douze « nouvelles de guerre » dont Boule de suif : je n’ai pas réussi à accrocher à toutes les nouvelles, le tout est plutôt inégal. Mais il faut dire que j’aime beaucoup la plume de Guy de Maupassant, il réussit (presque) à chaque fois à m’enchanter, à me faire voyager, et à me donner une idée plus précise de la vie au XIXème siècle selon que l’on soit issu(e) de la bourgeoisie ou du travail de la terre. Et comme le XIXème siècle est une période que j’aime beaucoup, je ne peux qu’adhérer ! Boule de suif est une nouvelle réussie. Avec celle-ci, voici les trois autres qui ont réellement réussi à me marquer.

Ce recueil comprend douze nouvelles : Boule de suif, La parure, Le lit 29, Deux amis, Rose, La serre, Une soirée, Le vengeur, L’attente, La chevelure, La dot, Première neige.

Boule de suif

Dans cette nouvelle, nous sommes dans les années 1870, au cours de la guerre franco-prussienne. Afin de fuir l’occupation dix personnes, de différents milieux, prennent la diligence en direction de Dieppe : deux religieuses, un démocrate, un couple de nobles, un couple de bourgeois, un couple de commerçants et… Boule de suif, qui exerce le plus vieux métier du monde. Seulement pendant le voyage, tout le monde est affamé. Seule Boule de suif possède un panier à provisions, panier qu’elle accepte généreusement de partager. Seulement la jeune femme leur étant d’un rang social inférieur, les voyageurs ne vont pas s’avérer être tendres avec elle. La « morale » condamne les Hommes, et s’avère touchante. J’ai aimé ce récit où l’on retrouve la plume fine, précise, parfois un tantinet incisive de Guy de Maupassant. Cette nouvelle n’est cependant pas ma préférée.

La chevelure

Le narrateur, en visite dans un asile, découvre un journal tenu par l’un des patients. Une histoire singulière y est relatée : celle d’une obsession pour une mèche de cheveux blonds que le patient trouve dans un meuble, récemment acquis. Cet homme cherche alors à connaître l’histoire de la femme à qui appartient cette chevelure. Cela devient une obsession, il fait le choix de ne plus jamais se séparer de sa relique. Il se sent même amoureux de la femme mystérieuse. Jusqu’au jour où on lui retire la mèche de cheveux, et où il se retrouve donc enfermé. Je suis souvent intéressée lorsqu’il s’agit de récits autour de la folie, c’est quelque chose qui m’intrigue et qui en même temps laisse une petite pointe d’effroi. Cette nouvelle aura réussi à me tenir en haleine du début à la fin. C’est ma préférée !

Le lit 29

Il s’agit d’une histoire d’amour entre Epivent, un capitaine très admiré des femmes, et la jolie Irma. Ils deviennent amants, puis la guerre se charge de les séparer. Lorsque le militaire revient du front, il découvre Irma gravement malade, atteinte de la syphilis, dans le lit 29 de l’hôpital de Rouen. Ironie de l’histoire, Maupassant est lui-même décédé de cette même maladie… J’ai aimé le rythme exalté avec lequel s’achève cette nouvelle.

Première neige

Décor planté dans un château en Normandie. C’est l’hiver, il fait extrêmement froid. Une jeune femme suggère à son mari de lui acheter un calorifère. Celui-ci refuse à plusieurs reprises. Pour se venger et lui faire regretter son manque d’attention, son épouse entreprend alors de se rendre malade en allant marcher pieds nus dans la neige. Pour celle-ci, c’est davantage l’atmosphère qui m’a interpellée. J’avais l’impression de ressentir le froid infiltré dans les murs de ce vieux château en plein hiver. Et, forcément à la lecture, j’ai beaucoup aimé.

Un recueil sympathique donc ! Je n’ai pas tout dévoré à vitesse grand V. Mais les nouvelles que j’ai pu apprécier me resteront en mémoire.

Extraits …

(Boule de suif) « La femme, une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de suif. Petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis, étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme rouge, un bouton de pivoine prêt à fleurir; et là-dedans s’ouvraient, en haut, deux yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques. Elle était de plus, disait-on, pleine de qualités inappréciables. »

(La chevelure) « Oh! Je plains ceux qui ne connaissent pas cette lune de miel du collectionneur avec le bibelot qu’il vient d’acheter. On le caresse de l’œil et de la main comme s’il était de chair; on revient à tout moment près de lui, on y pense toujours, où qu’on aille, quoi qu’on fasse. Son souvenir aimé vous suit dans la rue, dans le monde, partout; et quand on rentre chez soi, avant même d’avoir ôté ses gants et son chapeau, on va le contempler avec une tendresse d’amant. »

(Le lit 29) « Les femmes, à sa rencontre, avaient un petit mouvement de tête tout à fait drôle, une sorte de frisson de pudeur comme si elles s’étaient senties faibles ou dévêtues devant lui. Elles baissaient un peu la tête avec une ombre de sourire sur les lèvres, un désir d’être trouvées charmantes et d’avoir un regard de lui. Quand il se promenait avec un camarade, le camarade ne manquait jamais de murmurer avec une jalousie envieuse, chaque fois qu’il revoyait le même manège :

– Ce bougre d’Epivent, a-t-il de la chance ! »

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