L’étranger • Albert Camus

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Éditions Folio, 2011 (184 pages)

Ma note : 12/20

Quatrième de couverture …

« Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s’est ouverte, c’est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j’ai eue lorsque j’ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n’ai pas regardé du côté de Marie. Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français. »

L’étranger est le premier roman d’Albert Camus, Prix Nobel de littérature en 1957.

La première phrase

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

Mon avis …

Lorsque je suis tombée sur ce roman dans la bibliothèque de mes parents, j’étais alors à mille lieues de penser que cette lecture se ferait aussi troublante que surprenante (et parfois agaçante). Je m’attendais à un style d’écriture difficile à aborder. Il n’en est rien : les phrases d’Albert Camus sont courtes. Les mots sont percutants. Je m’attendais à une intrigue barbante. J’ai au contraire dévoré ce petit livre (ou plutôt ce monument de la littérature française). Si j’ai globalement apprécié cette première rencontre avec l’auteur, la magie n’a pour autant pas opéré. Peut-être parce que j’aime trop ce qui palpite, ce qui pétille comme une bulle de champagne… et qu’ici, c’est tout l’inverse. Alors oui, Albert Camus aura réussi le pari de me faire m’interroger sur énormément de points grâce à ce roman (le défi est donc presque relevé !), mais il y a tant de symboles et de codes à décrypter que je suis quasiment sûre d’en avoir raté une bonne partie. J’en ressors presque frustrée et agacée.

Albert Camus a seulement 29 ans lorsqu’il compose ce premier roman. Son « Étranger » n’est autre que Meursault, un homme qui pourrait nous paraître curieux, voire ignoble. Un homme étranger à ses émotions. Pauvre, il confie sa mère à une institution spécialisée. Le jour de sa mort, il ne pleure pas. Fiancé à Marie, il dit ne pas savoir s’il est amoureux ou non pour finalement poursuivre la relation. Comme anesthésié, il semble se laisser porter par la vie sans jamais prendre de décisions. Jusqu’à l’évènement clef du roman : aveuglé par le soleil et traqué par un ennemi de son voisin, il ira jusqu’à tuer. La seconde partie du roman peut alors se mettre en place, celle mettant en scène le procès puis la condamnation. Dès lors, tous (du directeur de l’asile au juge d’instruction) font tout pour le faire passer pour un être sans cœur. Cette passivité, cette absence d’émotions face à tant d’horreur n’en sont-elles pas la preuve… ?

L’étranger est un roman bien curieux. Grâce à lui, je me suis interrogée sur le pouvoir de la justice. Je me suis également questionnée sur le regard de la société face à la différence. Car Meursault n’apparaît-il pas coupable que parce qu’il se montre incapable de rentrer dans un moule ? Je trouve que c’est toute la cruauté de ce roman. Car malgré mon agacement face à la majorité de ses actes, j’ai fini par voir au-delà. C’est un personnage qui me semble malgré tout sincère, presque naïf. Il ne pleure pas avant l’enterrement de sa mère car, dira-t-il, il ne souhaite pas simuler des émotions qu’il ne ressent pas. S’il reste des heures planté devant sa fenêtre à observer les passants, cela semble lui convenir et entrer dans sa manière de vivre. Alors sans parler du meurtre, Meursault est-il si condamnable que ça ? (Un meurtre perpétré sur un agresseur, est-il utile de le préciser).

Avec ce roman, je suis donc passée par toute une palette d’émotions. J’en suis même ressortie comme déstabilisée. Les pages tournaient à toute vitesse, j’ai dévoré le tout. Je me suis questionnée. Pour autant, je n’ai pas obtenu de vraies réponses, et qu’est-ce que j’ai trouvé ça frustrant ! Je pense donc relire un jour ce roman, afin de saisir davantage de symboles, davantage de ce que l’auteur souhaite ici faire passer à son lecteur. L’étranger reste pour autant une lecture intéressante, qui je pense me restera : n’est-ce pas là un bon début ?

Extraits …

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile: Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. »

30 commentaires sur “L’étranger • Albert Camus

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    1. Il y a tellement de sens cachés et de codes… Je pense en avoir loupé pas mal. Je peux comprendre que ça puisse gêner (pour ma part je me suis sentie frustrée, même si un début de réflexion a quand même opéré). Je le relirai d’ici quelques années, mon point de vue aura peut-être changé.

      Bisous à toi, merci pour ton petit mot et pour ta fidélité.

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  1. Je comprends mieux ta note en lisant ta critique. Je garde un bon souvenir de cette lecture et de ce rapport entre le crime et le soleil qui m’avait beaucoup surpris. J’aimerais beaucoup découvrir d’autres romans de l’auteur. Bisous à toi !

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    1. J’ai peut-être été un brin sévère avec un 12, mais c’est en général ce que je mets quand j’ai un ressenti plutôt mitigé. Il y a beaucoup de choses que j’ai aimées, d’autres un peu moins… Ce roman m’a en tout cas beaucoup fait réfléchir. Je trouve que c’est déjà plutôt positif. 🙂
      Bisous ma Yuko

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  2. Je n’ai jamais lu de livre de Camus car il fait partie de ces écrivains qui me font peur, sans que je puisse dire pourquoi. J’ai néanmoins récupéré L’étranger parmi d’autres livres qu’on m’a donnés récemment en me disant que ce serait l’occasion de le découvrir. Je lis donc ta chronique au bon moment ! Tu m’intrigues beaucoup. En tout cas je pense que tu as raison, si ce livre fait réfléchir c’est déjà un bon point ! Si certains points te paraissent toujours obscurs, tu peux essayer de trouver des explications sur internet, on doit pouvoir en trouver facilement 🙂

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    1. Je te comprends Emma, j’appréhendais beaucoup cette lecture avant de la démarrer. Finalement tu verras que Camus a un style fluide, mais surtout qu’il reste abordable (les phrases sont courtes et parlantes). J’ai hâte de savoir ce que tu en auras pensé !
      Oui je pense chercher une petite analyse du roman, ça m’éclairera peut-être sur les petits détails ou certaines références que j’ai zappées sans le vouloir. ^^

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    1. C’est un grand classique, je suis contente de l’avoir lu (même s’il me faisait peur au début).
      Ah je serais curieuse de savoir comment vous l’avez bossé (si tu t’en rappelles). J’ai l’impression qu’il y a pas mal de petites choses que je n’ai pas compris… 😉

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      1. Il faudrait que je cherche dans mes cours. .. Mais je me souviens que notre prof nous avait demandé un « résumer » sauf que la plupart lui avait dit ne pas vraiment comprendre tous les thèmes, elle avait dit s’en douter et finalement je crois qu’on l’a decotiquer mais je sais plus :/ Mais je vais regarder tiens!

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  3. Je l’ai lu cette année pour un cours et je l’ai adoré 🙂 Il faut dire que j’apprécie beaucoup l’écriture de Camus ( ses phrases courtes…) et que je me suis presque attachée au personnage de Meursault (même si ça reste un anti héro).

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  4. J’aime beaucoup la façon dont tu analyses ta lecture.
    Et le recul que tu prends par rapport à tes interrogations quant au livre.

    La première fois que je l’ai lu je l’ai attrapé dans la bibliothèque de mes parents aussi ! … car la quatrième de couverture m’intriguait… mais j’étais trop jeune et je n’ai pas du tout aimé car je l’ai lu comme on lit un roman.

    Ensuite, je l’ai relu au lycée par chapitres avec le prof et toute l’analyse qui va avec et là… j’ai compris où il voulait en venir mais je n’ai pas spécialement apprécié la lecture car trop analytique et complètement décousue évidemment ….
    enfin, je l’ai relu à la fac et là… je crois que j’ai enfin pu apprécier l’etranger à sa juste valeur.

    Je crois que la clé c’est de se dire que si Meursault nous est incompréhensible c’est qu’il est avant tout un étranger … pour lui même .

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    1. Merci pour ton passage par ici, et bienvenue ! Oui c’est un regard plutôt intéressant que tu apportes… Je pense relire ce roman d’ici quelques années, rien que pour voir si je saurai mieux l’apprécier.

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  5. Il faut écouter le passage de la révolte, lu par les deux auteurs de la chaîne Youtube du Mock, c’est tout de suite pas pareil. J’ai préféré de Camus « La peste » qui est un très grand roman, peut être un de mes préférés, je ne peux que te/vous le conseiller !

    Aimé par 1 personne

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