L’île aux trente cercueils • Maurice Leblanc

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Éditions Michel Lafon, 2022 (382 pages)

Ma note : 13/20

Quatrième de couverture …

Une prophétie terrible. Une île battue par les vents où s’échouent les âmes égarées. Une mère éplorée à la recherche de son fils disparu. Un mystère… et Arsène Lupin entre en scène.

La première phrase

« La guerre a provoqué de tels bouleversements que bien peu de personnes se souviennent aujourd’hui de ce qui fut, il y a quelques années, le scandale d’Hergemont. »

Mon avis …

Sarek, une île bretonne à la réputation sinistre, réunit déjà quelques âmes égarées lorsque Véronique d’Hergemont pose le pied sur cette terre hostile. A la recherche de son fils, enlevé quatorze ans plus tôt pour échapper aux griffes du violent et instable Vorski, notre héroïne se heurtera à une terrible prophétie. Trente cercueils. Quatre femmes en croix. La Pierre-Dieu qui donne mort ou vie. Les habitants de l’île croient dur comme fer à ce qui sonne comme une malédiction. Ils n’attendent qu’un geste, un signe, avant que la mécanique infernale se mette en branle.

L’île aux trente cercueils signe mes retrouvailles avec Maurice Leblanc et son héros emblématique : Arsène Lupin. Monocle, haut-de-forme et revolver en poche, celui-ci se montre volontiers gouailleur et séducteur pour parvenir à ses fins. Si je le trouve peu sympathique, je reviens toujours à lui tant j’apprécie son art de brouiller les pistes et son talent du déguisement. Charismatique en diable, c’est aussi un personnage de la littérature original et inoubliable.

Lupin n’apparaît ici que fort peu. L’accent est mis sur Véronique d’Hergemont, une jeune femme de la bonne société. Marquée au fer rouge par son passé, Véronique doit toute sa force à l’amour qu’elle porte à son enfant. Et si François était toujours en vie… Rien ne lui semble aujourd’hui impossible. Ses recherches vont la mener à Sarek, alors même que cette abominable phrase, révélée sous forme de prophétie à Alexis Vorski (son époux disparu) résonne impitoyablement à ses oreilles : “Vorski, fils de roi, tu mourras de la main d’un ami et ton épouse sera mise en croix.”

L’île aux trente cercueils (1919) est un roman étrange et glaçant. Violence, folie, combats à mort ou encore crucifixions, rien n’est épargné à nos personnages et l’on sentirait presque que ce roman a été rédigé peu après la fin de la Grande Guerre. Les derniers mots du récit prennent alors un autre sens avec cet espoir de reconstruction et de résilience après la tempête.

J’ai été surprise de découvrir dans ce roman des scènes ô combien violentes. J’ai accroché à l’atmosphère mystérieuse et surnaturelle du récit, avant que le soufflé finisse quelque peu par retomber (la faute à un enchaînement de péripéties parfois peu crédibles ; à un dénouement final tiré par les cheveux).

Le personnage d’Arsène Lupin reste pour autant toujours aussi intéressant. Après avoir montré quelques failles dans L’aiguille creuse, le voici qui cabotine et apparaît sous un déguisement qui prête à sourire. Toujours là où on ne l’attend pas ce Lupin ! Sans compter qu’il développe ici une nouvelle arme pour traquer le mal : inverser la vapeur en faisant tourner en bourrique, mais aussi en ridicule, le monstre du récit !

Malgré un ressenti en demi-teinte, je reste donc toujours autant sous le charme de notre héros imaginé par Maurice Leblanc. Il se réinvente tout le temps, réussit le tour de force de toujours nous surprendre. Nul doute que ma curiosité est relancée pour ce qui est de découvrir ses autres aventures.

Extraits …

« Seulement, vois-tu, exquis Tout-Va-Bien, si j’étais romancier et chargé de raconter l’histoire de l’île aux Trente Cercueils, je me soucierais peu de l’affreuse vérité, et je te donnerais un rôle beaucoup plus important […] Et ce serait beaucoup mieux ainsi, puisque nul mieux que toi, délicieux Tout-Va-Bien, ne serait capable de nous montrer, par mille preuves plus convaincantes les unes que les autres, que dans la vie tout s’arrange et que tout va bien… »

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