La poupée sanglante • Gaston Leroux

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Éditions du Rocher, 2011 (297 pages)

Ma note : 18/20

Quatrième de couverture …

Au moment où Leroux compose La Poupée sanglante (1923), la France est encore sous le choc du procès d’Henri Landru, qui sert de déclic à la genèse du roman. Mais se contenter d’un héros devenu tueur en série par simple cupidité aurait été indigne de l’imagination de Leroux. Il a donc fait du relieur Masson l’instrument d’un grand dessein qui le dépasse : le mystère de la vie et de la mort. Leroux dépoussière les vieux mythes de Dracula et Frankenstein, les débarrasse de leurs artifices gothiques et les modernise grâce à un habillage scientifique. Bénédict Masson ne proclame-t-il pas : « De nos jours le vampirisme ne peut être que scientifique… » ?
Une des meilleures œuvres de Gaston Leroux, trop souvent méconnue au profit des Aventures de Rouletabille ou de Chéri-Bibi.

La première phrase

« Bénédict Masson avait sa boutique dans l’un des coins les plus retirés, les plus paisibles et aussi les plus vieillots de l’île Saint-Louis. »

Mon avis …

Offert par ma copine de blog Rose Prune, j’avais hâte de me plonger dans ce petit roman qui possède une suite (La Machine à assassiner). Un brin de mystère mêlé à une pointe de surnaturel : je ne pouvais qu’être séduite. Dès les premières lignes, j’ai pressenti que cette lecture serait bien différente de mes lectures habituelles. La Poupée sanglante possède en effet une atmosphère déroutante, si particulière… Le ton se fait pesant, mais surprenant. Les personnages paraissent étranges, mais attachants. Il faut dire que Gaston Leroux mélange les genres. Roman policier, registre fantastique ou encore univers gothique revisitent ainsi tout à la fois le mythe de Dracula, les entités fantomatiques ou encore la créature Frankenstein à la sauce Années Folles. J’ai tout simplement adoré ce roman au charme si singulier. Je n’ai qu’une hâte : découvrir la suite !

Bénédict Masson est un relieur d’art et un poète, d’une laideur repoussante. Secrètement épris de Christine, la fille de l’horloger, il se montre effondré lorsqu’il découvre que la jeune femme semble cacher Gabriel, un mystérieux amant affublé d’un costume d’époque (mais divinement beau !), dans son placard. Lorsque ce dernier est brutalement abattu par le père et le fiancé de Christine, il ressuscite quelques jours plus tard… Autre mystère du côté de Bénédict : que deviennent les jeunes filles qu’il reçoit chez lui, dans sa demeure perdue au fond des marais (celles-ci disparaissant les unes près les autres) ? Que dire encore du Marquis de Coulteray, dont la femme semble sous l’emprise d’un vampire ?

Ce premier tome nous est principalement présenté selon le point de vue de Bénédict Masson. Solitaire, étrange et misanthrope, il s’agit pour autant d’un homme intelligent, démontrant une grande sensibilité. Le poète et le monstre. La lumière et l’âme sombre. Je trouve justement terriblement intéressant que Gaston Leroux présente son personnage sous diverses facettes. On l’aime ou on le déteste, mais il ne peut laisser indifférent. Lorsque le rythme s’accélère à la fin du livre, j’ai été on ne peut plus captivée et surprise du dénouement.

De toutes les intrigues, je pense avoir préféré celle tournant autour du vampirisme. Je n’ai ainsi eu de cesse de me demander où l’auteur souhaitait nous emmener. La Marquise de Coulteray souffrirait-elle d’hallucinations, persuadée d’être la victime d’un vampire ? Ou serait-elle réellement confrontée à des épisodes pour le moins terrifiants ?

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman que je ne risque pas d’oublier de sitôt. Pour moi, le personnage de Bénédict Masson est un des personnages les plus terrifiants (et en même temps les plus captivants, aussi étrange que cela puisse paraître) de notre littérature. Par ce roman, Gaston Leroux nous fait frissonner, nous étonne. Il nous fait tout autant comprendre que oui, les apparences sont souvent trompeuses…

Extraits …

« Hideux, il détestait les femmes, mais il les eût voulues toutes… »

« Le vent soufflait de plus en plus fort, humide et glacé, échevelant les saules pâles et tordus, fantômes frissonnants au-dessus des roseaux courbés qui faisaient entendre leur plainte chantante, hululante, tantôt horriblement sifflante comme si elle avait par mille et mille chalumeaux, tantôt douce comme le dernier souffle de la terre et des eaux pour reprendre aussitôt avec une fureur déchaînée. »

19 commentaires sur “La poupée sanglante • Gaston Leroux

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  1. J’avais lu « La poupée sanglante » ainsi que « La machine à assassiner » il y a quelques années, mais je ne me souviens absolument pas du dénouement… Mémoire de poisson rouge >_< Je me souviens juste que l'histoire était passionnante, avec tout de même des détails horrifiques.

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    1. C’est effectivement tout à fait ça. C’est passionnant, et en même temps le tout fait froid dans le dos. Je vais peut-être essayer de tester l’adaptation en mini-série (qui date des années 70) !

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      1. Vous le devrez ! Si vous ne l’avez pas encore fait 🙂 . (Regardez l’adaption de 1976). Pour moi, c’etait vraiment une telle adaptation excellente…. mieux que la majorité des adaptations que j’ai jamais vu dans ma vie !!!…(je veux dire, en générale…). Il doit être dit, à mon avis, Bénédict est bien plus … euuhh.. sympathique ou pitoyable dans l’émission que dans le roman. Peut-être grace au fait qu’on ne peut pas entendre tous ses pensées comme on le peut dans le roman 😉 . J’adore l’emission. Il y a quelques changements, mais pas pour la pire …en somme je l’adore je l’adore. Aussi, la deuxième partie (du Machine a Assassiner) me semble plus changé que le premiere trois episodes. Il y a plus de accentuation sur « Gabriel » que dans le roman, qui pour moi c’est un chose bonne, n’est-ce pas? Etc…donc… Et la fin…. mon dieu … il m’a laissé anéanti.

        J’ai « decouvert » ce roman l’année passée (j’étais à Paris). J’avais commencé de lire le roman…juste un tiers…quand j’ai trouvé l’émission sur l’intrenet. Je n’avais pas encore lu le chapitre « La Catastrophe. » Donc ……… cette scène dans l’émission tellement m’a CHOQUÉ. Wheeew, j’etais etonné, deçu (avec Benedict)….laisse une telle impression… Eh bien. Il faut le regarder si vous ne l’avez pas encore fait 🙂

        (Je suis desolée pour mes erreurs de la français, je suis une anglophone …il n’y a autre personne anglophone qui connais La Poupée Sanglante, waah)

        vive La Poupée Sanglante 😛

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    1. Ce roman vaut le coup. Il est original, complètement à part de ce que j’ai déjà pu lire pour le moment. Et j’adore ça, j’aime toujours être surprise lorsque je lis un livre (quand la surprise est positive, c’est encore mieux) 🙂

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    1. Je ne peux pas te cacher que ce roman est particulier oui. Mais c’est justement ce qui fait que je l’ai adoré ! Si tu aimes les histoires sombres, ponctuées de mystère et de surnaturel, tu peux foncer sans hésiter.

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  2. S’il y’a bien un auteur que je connais pas, c’est Gaston Leroux ! Enfin, si, je le connais au moins de nom mais c’est vrai que je ne me suis jamais vraiment intéressée à ces romans alors qu’ils ont l’air géniaux…tu me donnes envie, avec La Poupée Sanglante…

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    1. C’était pour moi aussi une grande première ! Je trouve que ce petit roman mérite qu’on parle davantage de lui (même s’il a été réédité récemment). J’espère qu’il te plaira lorsque tu le liras.

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